Selon l’association Qualitel, environ un logement sur cinq en France est affecté par des problèmes d’humidité, un constat préoccupant qui met en lumière un véritable enjeu de salubrité et de confort. L’humidité ascensionnelle, les infiltrations ou une ventilation défaillante transforment fréquemment les sous-sols et rez-de-chaussée en zones froides et peu accueillantes.
Isoler un sol humide ne relève donc pas d’un simple choix de confort, mais d’une nécessité pour préserver l’intégrité du bâti et la santé de ses occupants. Une isolation efficace permet de réhabiliter ces espaces en les rendant sains, agréables et économes en énergie, tout en limitant durablement les déperditions thermiques.
Pourquoi isoler un sol humide ?
L’isolation d’un sol en contact direct avec la terre ou un vide sanitaire non chauffé présente des défis spécifiques. L’humidité, qu’elle provienne de remontées capillaires, d’infiltrations latérales ou de condensation, est le principal ennemi des matériaux de construction et des isolants traditionnels. Un sol non isolé agit comme un pont thermique massif, aspirant la chaleur intérieure pour la dissiper dans le sol. Ce phénomène entraîne une surconsommation de chauffage pouvant atteindre 10 à 15 %, ce qui alourdit considérablement les factures énergétiques.
Au-delà de l’impact financier, l’humidité stagnante favorise le développement de moisissures, de champignons et de salpêtre. Ces micro-organismes détériorent la qualité de l’air intérieur, provoquant allergies et troubles respiratoires, et endommagent la structure du bâtiment. Des revêtements de sol déformés, des peintures écaillées et des odeurs persistantes de moisi en sont les symptômes visibles.
Par conséquent, l’isolation d’un sol humide répond à un double enjeu : créer une barrière thermique pour limiter les pertes de chaleur et instaurer une protection étanche contre l’humidité, garantissant ainsi un environnement sain, confortable et durable.
Quels isolants choisir pour un sol humide ?
Le choix de l’isolant est absolument crucial dans le contexte d’un sol humide. Tous les matériaux ne se valent pas face à une exposition prolongée à l’eau. Il convient de privilégier des isolants dits « hydrophobes », qui n’absorbent pas l’humidité, conservent leurs propriétés thermiques même en présence d’eau, et sont imputrescibles, c’est-à-dire qu’ils ne pourrissent pas.
Voici les matériaux les plus performants et adaptés :
- Le polystyrène extrudé (XPS) : C’est le champion incontesté pour cette application. Totalement insensible à l’eau, il présente une excellente résistance à la compression, ce qui est indispensable pour supporter le poids d’une chape et du mobilier. Sa performance thermique est durable et fiable en milieu humide.
- Le polyuréthane (PUR) : Sous forme de panneaux rigides, le polyuréthane offre la meilleure performance thermique du marché à épaisseur égale. Il est également très résistant à l’humidité et à la compression, ce qui en fait un choix de premier ordre, bien que souvent plus coûteux.
- Le verre cellulaire : Fabriqué à partir de verre recyclé expansé, cet isolant est parfaitement étanche à l’eau et à la vapeur d’eau. Incompressible et d’une durabilité exceptionnelle, il est idéal pour les applications les plus exigeantes, comme sous un dallage sur terre-plein.
- Le liège expansé : Matériau biosourcé, le liège est naturellement imputrescible et résistant à l’humidité. Il offre de bonnes performances thermiques et acoustiques. C’est une excellente alternative écologique, bien qu’il faille s’assurer de sa protection contre les remontées capillaires les plus fortes.
Il est impératif d’éviter les isolants fibreux tels que la laine de verre ou la laine de roche, sauf s’ils sont spécifiquement conçus pour cet usage et parfaitement protégés. En contact avec l’humidité, ces matériaux perdent une grande partie de leur pouvoir isolant et peuvent se tasser, créant des ponts thermiques.
Comment faire pour isoler un sol humide ?
La méthode d’isolation d’un sol humide dépend principalement de la configuration du sol : construction neuve, rénovation lourde ou intervention sur l’existant. Néanmoins, la technique la plus complète et efficace reste l’isolation sous dallage.
Cette approche consiste à décaisser le sol existant pour créer une base saine. On commence par réaliser un hérisson drainant, une couche de graviers ou de pierres concassées d’environ 20 à 25 cm d’épaisseur. Cette couche ventilée empêche les remontées d’humidité par capillarité. Ensuite, on pose un film géotextile pour éviter que le sable ne colmate le drainage. Une couche de sable est ajoutée afin d’obtenir une surface plane.
Après vient l’étape cruciale : l’installation d’un film polyane, une membrane d’étanchéité en polyéthylène qui remonte sur les bords des murs pour créer une cuve étanche. C’est sur ce film que l’on dispose les panneaux d’isolant rigide (XPS ou PUR), en veillant à bien les joindre.
Enfin, on coule une dalle en béton armé sur l’isolant, qui servira de support au futur revêtement de sol. Cette méthode garantit une rupture totale des ponts thermiques ainsi qu’une protection optimale contre l’humidité.
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Peut-on isoler un sol humide sans tout casser ?
Oui, des solutions moins destructrices existent pour les projets de rénovation où une démolition complète n’est pas envisageable. L’isolation par le dessus constitue la méthode la plus courante. Elle consiste à poser l’isolant directement sur le revêtement de sol existant, à condition que celui-ci soit propre, sain et stable.
La première étape est de s’assurer de la planéité du support. Si nécessaire, un ragréage sur un sol humide peut être appliqué. Ce type de produit permet de bloquer les remontées d’humidité résiduelles. Une fois le sol préparé, on déroule une membrane pare-vapeur afin d’empêcher la vapeur d’eau provenant de l’intérieur du logement de traverser l’isolant.
Des panneaux isolants minces à haute performance thermique, comme ceux en polyuréthane, sont ensuite posés pour limiter la perte de hauteur sous plafond. Ils peuvent être directement recouverts d’une chape sèche, composée de plaques de plâtre fibrées ou de panneaux de particules, sur laquelle viendra se poser le revêtement final :
- Parquet flottant.
- Carrelage.
- Vinyle en lames ou en rouleaux.
Rapide à mettre en œuvre, cette technique entraîne toutefois une légère surélévation du sol, ce qui peut nécessiter d’ajuster les portes.
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Quel est le prix de l’isolation d’un sol humide ?
Le coût d’une isolation d’un sol humide varie en fonction de la technique choisie, de la surface à traiter, des matériaux utilisés et de la complexité du chantier.
Pour une isolation sous dallage en rénovation, incluant la démolition, le décaissement, la pose de l’isolant et le coulage d’une nouvelle dalle, il faut compter entre 80 € et 150 € par mètre carré. Le prix dépend de l’accessibilité du chantier et l’épaisseur de l’isolant.
En revanche, pour une isolation par le dessus, sans démolition lourde, le budget est plus modéré, généralement compris entre 40 € et 90 € par mètre carré, fourniture et pose incluses. Ce prix englobe la préparation du support, la pose du pare-vapeur, de l’isolant et d’une chape sèche. Le type d’isolant (XPS, PUR, etc.) ainsi que le système de chape choisi influencent directement le montant final.
Quelles aides pour l’isolation d’un sol humide ?
L’isolation des planchers bas est un chantier de rénovation énergétique éligible à plusieurs dispositifs d’aide financière mis en place par l’État pour encourager les ménages à améliorer la performance de leur logement. Ces aides permettent de réduire significativement l’investissement initial.
La principale aide est MaPrimeRénov’, un dispositif accessible à tous les propriétaires, occupants ou bailleurs, dont le montant est calculé en fonction des revenus du foyer et du gain écologique des travaux. L’isolation des planchers bas y est clairement éligible.
Les Certificats d’Économie d’Énergie (CEE) constituent une autre aide possible. Il s’agit d’une prime versée par les fournisseurs d’énergie (électricité, gaz, carburant), sous forme de chèque, de virement ou de bon d’achat. Cette aide est cumulable avec MaPrimeRénov’.
L’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) permet quant à lui de financer le reste à charge sans intérêts. Enfin, pour les travaux d’isolation, un taux de TVA réduit à 5,5 % s’applique sur le matériel et la main-d’œuvre.
Important : Pour bénéficier de ces aides, les travaux doivent impérativement être réalisés par un artisan certifié RGE (Reconnu Garant de l’Environnement).