Mesurée notamment par le DPE, la performance énergétique d’un logement est désormais un enjeu financier et réglementaire central. Si la cheminée à foyer ouvert conserve un certain charme, elle constitue un important pont thermique, responsable d’environ 20 % des déperditions d’air non maîtrisées. La modernisation du chauffage passe donc fréquemment par la suppression de l’âtre traditionnel.
Pour les propriétaires, l’enjeu n’est plus de savoir s’il faut le faire. Néanmoins, comment procéder efficacement afin d’optimiser confort, espace et rendement énergétique ? La solution consistant à condamner la cheminée tout en conservant le conduit représente une approche technique encadrée. Pour plus de détails, ci-après quelques éléments clés à considérer concernant le fait d’enlever une cheminée et laisser le conduit.
Peut-on enlever une cheminée et laisser le conduit ?
D’un point de vue légal et technique, il est envisageable d’enlever la cheminée et de laisser le conduit, tant que les règles structurelles et de copropriété sont respectées. Le corps de cheminée visible (foyer, manteau, hotte) est souvent non porteur, agissant principalement comme un habillage et un capteur de fumée. Toutefois, le conduit (la gaine verticale) est intimement lié à la structure du bâtiment, traversant planchers et toiture. Toute intervention doit garantir l’intégrité statique de la construction et la sécurité incendie.
L’opération nécessite une analyse préliminaire pour déterminer la nature exacte de la maçonnerie et du conduit. Un expert en bâtiment ou un chauffagiste qualifié saura déterminer :
- Si la dépose de l’âtre est simple.
- Ou si elle engage des éléments structurels complexes.
Cette phase d’expertise est non négociable pour une transition énergétique réussie et sécurisée.
Les cas où c’est possible
La faisabilité de la dépose du seul âtre dépend principalement de la conception de la cheminée. Elle est réalisable lorsque le foyer et le manteau sont des éléments décoratifs ou de maçonnerie légère, distincts du conduit lui-même. Dans ce cas, on parle d’un foyer « adossé » ou « autoportant » dont le conduit est :
- Soit maçonné dans un mur.
- Soit inséré dans une gaine indépendante qui traverse les étages.
Si le conduit est déjà tubé ou s’il est maçonné pour supporter une charge minimale, il peut être laissé en place sans risque structurel important. La conservation du conduit permet de préserver la possibilité d’installer ultérieurement un appareil de chauffage moderne, plus performant.
Les risques à éviter
Le risque principal à éviter est l’atteinte à la stabilité structurelle du bâtiment. Si le conduit est porteur ou si le corps de cheminée assure un contreventement, son retrait partiel peut provoquer des fissures. Cela peut aller jusqu’à un effondrement localisé des planchers. Il est donc impératif de :
- Consulter un Bureau d’Études Structure (BES).
- Faire réaliser un Diagnostic Technique Global (DTG) si l’immeuble est en copropriété ou ancien.
Il faut également anticiper les problématiques d’humidité et d’isolation. Un conduit abandonné doit être obturé correctement en tête et en pied pour empêcher les infiltrations d’eau, les courants d’air froid, etc.
Pourquoi enlever une cheminée et laisser le conduit ?
La décision d’enlever une cheminée et de laisser le conduit s’inscrit dans une double optique de gains pratiques et d’amélioration des performances thermiques globales du logement.
Enlever une cheminée pour mettre un poêle
La raison la plus fréquente est d’enlever la cheminée pour mettre un poêle, qu’il soit à bois, à granulés (pellets) ou même un insert fermé. Le rendement d’un foyer ouvert excède rarement 15%.
Une poêle ou un insert moderne, labellisé Flamme Verte, affiche des rendements de 75 % à plus de 90 %. La conservation du conduit pré-existant réduit considérablement le coût et la complexité des travaux d’installation du nouvel appareil.
Vous envisagez de remplacer votre cheminée par un poêle ? Découvrez comment changer un insert sans casser la cheminée. Consultez également les règles encadrant l’obligation de tubage d’une cheminée ancienne et le débistrage d’une cheminée.
Optimisation de l’espace et esthétique
Le retrait du volumineux manteau et du foyer libère une surface au sol non négligeable. En moyenne, un corps de cheminée massif occupe entre 0,5 et 1 mètre carré. Dans les petites pièces ou appartements urbains, ce gain d’espace est précieux et peut être réinvesti dans l’agencement intérieur. Esthétiquement, l’absence de l’âtre permet d’adopter un style plus épuré et contemporain, en valorisant le mur de la cheminée comme surface d’affichage ou d’intégration.
Amélioration de la performance thermique
L’un des arguments les plus puissants pour le retrait est la suppression d’un pont thermique critique. En effet, la maçonnerie de la cheminée traverse l’enveloppe isolée du bâtiment, servant de voie de passage privilégiée pour le froid. De plus, même fermée par un clapet, une vieille cheminée est rarement étanche, permettant à l’air chaud intérieur de s’échapper. Sa dépose, combinée à une isolation appropriée du conduit laissé en place, contribue directement à un meilleur classement DPE. Ainsi, la valeur verte du bien augmente.
Comment enlever une cheminée et laisser le conduit pour mettre un poêle ?
Enlever une cheminée et laisser le conduit pour y installer un poêle demande méthode et précaution. Cette opération, à la fois technique et potentiellement risquée, doit idéalement être confiée à un professionnel qualifié (maçon, cheministe ou couvreur). Elle comprend plusieurs étapes clés, allant de la préparation du chantier à l’inspection finale du conduit.
Préparer le chantier et sécuriser la zone
Avant toute intervention, il est essentiel d’évaluer la structure existante et de préparer l’environnement. Cela inclut la protection des sols et des meubles à proximité à l’aide de bâches, de porter des équipements adéquats, et autres. Cette phase préliminaire garantit la sécurité du démontage et préserve l’intégrité des murs porteurs.
Démonter la cheminée étape par étape
Le démontage commence par la suppression des éléments décoratifs (hotte, habillage ou manteau) avant de s’attaquer à la maçonnerie du foyer :
- Progresser du haut vers le bas, en retirant soigneusement la hotte, puis la structure du foyer.
- Utiliser des outils adaptés (marteau, burin, perforateur) pour éviter d’endommager le conduit vertical.
- Arrêter la démolition à la base de la paroi du conduit, sans toucher à sa partie fonctionnelle.
L’ouverture laissée au niveau du plancher doit ensuite être consolidée et refermée avec des matériaux résistants au feu et bien isolants. Cela a pour but de préserver l’étanchéité acoustique et thermique.
Inspecter et préparer le conduit pour le futur poêle
Une fois la cheminée déposée, le conduit conservé doit être vérifié et nettoyé avant tout raccordement.
- Faire appel à un fumiste ou maçon spécialisé pour contrôler la stabilité et l’absence de fissures.
- Effectuer un ramonage complet afin d’éliminer les suies et dépôts accumulés.
Si le conduit traverse des combles non chauffés, envisagez un calorifugeage (isolation thermique) pour limiter les pertes de chaleur.
Pour terminer, le conduit pourra être tubé, avec un conduit flexible ou rigide conforme aux normes DTU 24.1. La compatibilité avec le poêle à bois ou à granulés sera ainsi garantie.
Une fois ces étapes terminées, le conduit est prêt à être raccordé à un poêle moderne et étanche, garantissant une utilisation sûre et performante.
Quel est le prix d’enlever une cheminée et laisser le conduit ?
Le coût d’une telle intervention varie fortement selon la taille, la complexité structurelle, l’accessibilité et la région géographique. Pour enlever une cheminée et laisser le conduit, le prix se situe entre 500 euros et 1 500 euros pour la démolition du foyer. Il faut d’ailleurs tenir en compte la complexité des travaux à réaliser.
Une prestation complète peut osciller entre 1500 euros et 4000 euros par exemple. Cela inclut l’étude structurelle, la démolition, l’évacuation des gravats et la remise en état du plancher et du mur.
Le détail des coûts peut se décomposer comme suit :
| Poste de dépense | Détails | Coût estimé (en euros) |
|---|---|---|
| Main d’œuvre (démolition/ maçonnerie) | Poste principal couvrant la dépose, la maçonnerie et les ajustements structurels | 800 à 2 500 € |
| Évacuation des gravats | Évacuation des gravats Gestion des déchets issus de la démolition (location de benne, transport) | 200 à 500 € |
| Consolidation et finitions | Remise en état du sol et du mur, isolation et finitions esthétiques | 500 à 1 000 € |
Ce coût est à mettre en perspective avec les économies futures de chauffage et les potentielles aides financières pour l’installation d’un nouvel appareil de chauffage performant.
Que faire du conduit après la dépose ?
Une fois l’âtre déposé, le conduit subsistant dans la paroi ne peut être simplement ignoré. Il représente soit un atout majeur pour une installation future, soit un point de faiblesse thermique qui doit être neutralisé. La décision dépend de l’usage prévu de cette évacuation verticale.
Laisser le conduit en attente pour un poêle
Si l’objectif est d’installer un poêle rapidement, le conduit est préparé pour le raccordement. On s’assure qu’il est ramoné et étanche. Il doit parfaitement être tubé (ou chemisé) aux dimensions requises par le nouvel appareil (typiquement Ø150 mm ou Ø80 mm pour les granulés).
La base du conduit doit être équipée d’un tampon de ramonage étanche et accessible. Cette approche de mise en attente maximise la flexibilité du logement sans engager de travaux supplémentaires sur la toiture.
Isolation ou fermeture du conduit inutilisé
Si aucune installation de chauffage n’est prévue, la fermeture et l’isolation du conduit sont obligatoires pour des raisons d’efficacité énergétique et de sécurité. En utilisant des matériaux incombustibles et isolants (laine de roche par exemple), le conduit doit être obturé :
- Par le haut (en toiture).
- Par le bas (au niveau du plancher).
Cette technique permet de supprimer le tirage naturel indésirable, qui agit comme un aspirateur d’air chaud, transformant le conduit en cheminée inversée et garantissant la neutralisation définitive du pont thermique.
Vous envisagez d’installer un poêle à granulés avec conduit existant ? Avant de vous lancer, consultez les normes de tubage d’un poêle à granulés et les normes d’installation d’un poêle à bois.