En France, près de 4,8 millions de foyers sont considérés comme des passoires thermiques. Ainsi, l’isolation des murs est l’un des leviers les plus puissants pour améliorer la performance énergétique. Une bonne isolation des murs peut réduire les pertes de chaleur jusqu’à 25 %.
Dans ce cadre, l’une des techniques d’isolation qui ne nécessite pas de gros travaux consiste en l’injection d’un isolant derrière du placo. Mais, est-ce vraiment efficace, et surtout, est-ce possible ?
Peut-on injecter de l’isolant derrière du placo existant ?
Oui, absolument. L’injection isolant derrière placo est une technique d’isolation qui s’adresse aux habitations dont l’isolation des murs n’est pas ou peu satisfaisante. Elle s’adresse aussi aux maisons où il serait trop coûteux ou complexe de démolir les cloisons existantes.
Le principe est de combler l’espace vide entre le mur extérieur et la plaque de plâtre (placoplatre). Cet espace, qui est souvent de quelques centimètres, est l’opportunité parfaite pour injecter un isolant en vrac sous haute pression.
Cette méthode est particulièrement pertinente pour les maisons construites dans les années 70 à 90. Des maisons où l’on trouve souvent un vide d’air non isolé entre les plaques de plâtre et la maçonnerie.
Les techniques d’injection d’isolant derrière du placo
L’injection ne se fait pas à l’aveugle, c’est une technique qui nécessite un savoir-faire précis. Le professionnel commence par un diagnostic de l’état des murs et des cloisons, et s’assure de l’absence d’humidité. C’est une étape primordiale pour garantir la durabilité et l’efficacité de l’isolation.
Une fois que le mur est jugé apte à l’injection, le professionnel perce une série de petits trous, discrets et bien répartis sur la surface du placo. Ces trous servent de points d’entrée pour l’isolant. L’injection se fait ensuite à l’aide d’une machine spéciale qui propulse l’isolant en vrac, sous haute pression, directement dans le vide d’air entre le placo et le mur.
Cette méthode d’insufflation garantit que le matériau se compacte et comble parfaitement tout l’espace, éliminant ainsi les ponts thermiques. Pour cela, les deux matériaux les plus couramment utilisés sont la ouate de cellulose et les laines minérales. Une fois le processus terminé, les trous sont rebouchés.
Avantages et inconvénients de l’injection derrière placo
Comme toute solution technique, l’injection isolant derrière placo a ses points forts et ses points faibles, qu’il est essentiel de connaître avant de prendre une décision.
Avantages
- Minimisation des travaux : C'est sans doute le principal attrait de cette méthode. Elle permet d'éviter la démolition de l'intégralité des cloisons, la gestion des gravats, la reconstruction, et le temps de séchage. Les travaux sont propres, rapides, et génèrent très peu de poussière, ce qui signifie que les occupants peuvent rester dans la maison sans que leur quotidien ne soit trop perturbé.
- Rapidité d’exécution : Un chantier d'injection peut être réalisé en quelques jours seulement, même pour une maison entière, là où une rénovation traditionnelle pourrait prendre plusieurs semaines.
- Efficacité énergétique : En comblant la lame d'air, on élimine un pont thermique majeur. Cela se traduit par une réduction tangible des factures d'énergie. En plus de l'isolation thermique, la ouate de cellulose et la laine minérale offrent une excellente isolation phonique, un bonus non négligeable pour un meilleur confort acoustique.
- Coût : Le coût de l'injection d’isolant derrière un placo est généralement moins élevé que celui d'une isolation par l'intérieur traditionnelle, car il y a moins de main-d'œuvre, et les frais liés à la démolition et à l'évacuation des débris sont nuls.
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Inconvénients
- Efficacité variable : L'efficacité de la technique dépend fortement de l'uniformité du vide d'air. Si cet espace est irrégulier, obstrué par de vieux tuyaux, des conduits électriques ou des débris de construction, l'isolant risque de mal se répartir. Cela peut laisser des zones non isolées, créant de nouveaux ponts thermiques.
- Risque d'humidité : L'injection est proscrite si les murs présentent des signes d'humidité ou de remontées capillaires. Un isolant qui absorbe l'eau perdrait toute son efficacité et risquerait de favoriser le développement de moisissures. Un diagnostic rigoureux est donc indispensable.
- Limites de performance : L'épaisseur d'isolant injecté est limitée par la taille de la lame d'air existante. On ne peut donc pas atteindre les coefficients de résistance thermique (R) aussi élevés qu'avec une isolation par l'intérieur ou par l'extérieur qui permet d'installer des couches plus épaisses d'isolant.
- Type de mur : Cette technique n'est pas adaptée à tous les types de murs. Elle fonctionne mieux sur des murs lisses et réguliers, et peut s'avérer complexe sur des murs en pierre inégaux.
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Prix et limites de l’injection derrière du placo existant
Le coût de l’injection d’un isolant derrière du placo est généralement moins élevé que celui d’une isolation par l’intérieur traditionnelle, en raison de la main-d’œuvre réduite. Le prix moyen se situe entre 20 et 50 euros le mètre carré, mais il peut varier en fonction du matériau choisi (la ouate de cellulose est souvent plus chère que la laine de roche), de la complexité des travaux et des tarifs pratiqués dans votre région. Il s’agit d’une estimation qui doit être confirmée par un devis professionnel.
Quant aux limites, la technique n’est pas une solution universelle. Elle n’est pas possible si le placo est directement collé sur le mur, ce qui élimine le vide d’air nécessaire à l’injection. De plus, elle ne peut pas compenser des défauts de construction majeurs ou une maçonnerie qui ne serait pas en bon état.
C’est une excellente solution de rattrapage, mais ne peut pas rivaliser en termes de performance thermique pure avec une isolation par l’extérieur, qui est souvent la méthode la plus performante pour isoler des murs.
Doublage placo sur placo existant : L’alternative à l’injection pour l’isolation des murs
Quand l’injection n’est pas une option, le doublage placo sur placo existant est une alternative solide et souvent plus performante. Plutôt que de retirer l’ancienne plaque, on en pose une nouvelle par-dessus.
Cette méthode consiste à créer un nouveau doublage en posant des rails métalliques ou des tasseaux de bois sur l’ancienne cloison, puis en insérant un isolant semi-rigide (comme de la laine de verre, de la laine de roche ou du polystyrène) entre les montants. On peut même opter pour des complexes isolants tout-en-un, qui sont des plaques de plâtre directement collées à un panneau isolant rigide (type polyuréthane ou polystyrène extrudé). Une fois l’isolant en place, une nouvelle plaque de plâtre est vissée sur l’ossature, créant ainsi une nouvelle surface lisse et prête à peindre.
L’avantage majeur de cette technique est qu’elle offre un contrôle total sur l’épaisseur et le type d’isolant. C’est la garantie d’atteindre des coefficients de résistance thermique des plus élevés (R-value), pour une isolation thermique et acoustique de haute qualité.
Le principal inconvénient, c’est qu’elle réduit légèrement l’espace habitable de la pièce (généralement de 5 à 15 cm selon l’épaisseur d’isolant choisie) et qu’elle demande des travaux beaucoup plus importants et salissants que l’injection. Le coût est aussi plus élevé, mais les résultats sont souvent supérieurs en termes de performance énergétique.
En fin de compte, le choix entre l’injection d’isolant derrière du placo et le doublage placo sur du placo existant dépend de plusieurs facteurs clés : l’état de vos murs, votre budget, votre tolérance aux travaux, et le niveau de performance que vous souhaitez atteindre. Tandis que l’injection est une solution rapide et peu invasive, le doublage est la voie pour ceux qui recherchent une performance maximale.
Alternativement, il est également possible d’opter pour un isolant mince pour mur intérieur ou d’un isolant alvéolaire.